Mort de l'archiduc Otto de Habsbourg-Lorraine, héritier impérial, grand Européen

L'archiduc Otto de Habsbourg-Lorraine, un an et demi après avoir pleuré la perte de celle qui fut durant 58 ans son épouse, la princesse Regina, est mort lundi matin. Agé de 98 ans, le fils aîné de Charles Ier, dernier empereur d'Autriche-Hongrie, et de l'impératrice Zita, Otto d'Autriche était très diminué depuis une chute dans un escalier chez lui à Pöcking, en Bavière. Il avait transmis en 2007 les rênes de la Maison de Habsbourg à son fils aîné, Karl de Habsbourg-Lorraine, 50 ans, sixième d'une fratrie de sept, actuel prétendant au trône d'Autriche, où il réside.


D'une jeunesse en exil à un activisme pan-européen, le funeste dénouement d'une trajectoire emblématique d'un autre siècle...

Né en 1912 et bombardé héritier dès ses 4 ans et la mort de son grand-père l'empereur François-Joseph qui appelle au trône son propre père Charles Ier, Otto de Habsbourg ne lui succédera pas : dès 1919, la famille impériale est condamnée à l'exil suite à la dissolution de l'empire et le bannissement (puis, en 1921, la destitution) des Habsbourg par voie de loi votée par le Parlement autrichien. A Madère, premier point de chute des Habsbourg, Otto père son père, âgé seulement de 34 ans, dès 1922. Aîné de la fratrie, il a donc 10 ans lorsque lui échoit le costume de chef de la famille et la position de prétendant au trône, prétention qu'il abandonnera officiellement en 1961 (l'Autriche l'autorisera ensuite à revenir en ses frontières en 1966).

Les jeunes années d'Otto de Habsbourg furent propres à faire de lui l'homme cosmopolite qu'il deviendra, passées entre Espagne, France (où il développera un attachement profond à la Lorraine, se mariant d'ailleurs à Nancy en 1951 et y célébrant ses noces d'or un demi-siècle après), Luxembourg, Belgique (où il effectua ses études avant d'être poussé encore à l'exil par l'invasion des troupes hitlériennes en 1940, lui qui s'était élevé deux ans auparavant contre l'Anschluss), Québec, Etats-Unis (New York et Washington)...

Otto de Habsbourg-Lorraine revint en Europe au terme de la Seconde Guerre mondiale, toujours en exilé autrichien, s'installant en Bavière et entamant une carrière politique sous la bannière de la CSU (Christlich-Soziale Union in Bayern, les conservateurs chrétiens-sociaux bavarois), qu'il représentera au Parlement européen. En 1978, il acquiert la nationalité allemande sous le nom Otto Habsburg-Lothringen, conservant toutefois les nationalités autrichienne et hongroise (restituée en 1989).

Dotée d'une forte conscience politique, il fut artisan de la construction européenne, siégeant de 1979 à 1999 au Parlement européen (pour le Land de Bavière), dont il fut le doyen et présida par deux fois la séance inaugurale. Connu pour son activisme en faveur du rayonnement de la langue française (une des raisons pour lesquelles le président Nicolas Sarkozy l'éleva dernièrement au grade suprême de la Légion d'honneur, celui de Grand-Croix), il présida durant plus de 30 ans, jusqu'en 2004, l'Union paneuropéenne internationale prônant une Europe politique. Un homme paneuropéen, un pan d'histoire.

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