Karl Malden : le grand complice de Michael Douglas et Marlon Brando est mort...

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Pas grand-chose à faire pour vraiment rendre compte d'une carrière éclectique qui s'étend sur... sept décennies, si ce n'est... vous exhorter à renouveler votre abonnement au vidéoclub : Karl Malden est mort. Le charismatique Mike Stone des Rues de San Francisco, série culte qui le voyait donner la réplique à Michael Douglas, fils de son ami de jeunesse Kirk Douglas (comme lui, il avait changé son nom d'origine, Mladen Sekulovich,ils avaient travaillé à l'usine ensemble), s'est éteint paisiblement à l'âge de 97 ans ce 1er juillet 2009, à son domicile de Brentwood, dans la banlieue de Los Angeles.

Bien avant de se signaler au petit écran, le natif de Chicago avait prouvé sa valeur au grand, et y avait mis tout son coeur. Lorsqu'il décide, à 22 ans et après trois années à travailler laborieusement dans une aciérie comme son père avant lui, de suivre une formation d'acteur, il lui faut passer un marché avec le directeur de la Goodman School compte tenu de ses maigres finances : il donne ce qu'il a, en cas de "bons résultats", son cursus lui sera offert. Bingo.

C'est à cette époque, en 1937 et alors qu'il joue dans un théâtre pour enfants, qu'il rencontre Mona Greenberg : elle deviendra sa femme l'année suivante (c'est elle qui lui suggéra son nom de scène, tout comme celui de Kirk Douglas), et lui survit aujourd'hui, après 71 ans d'un mariage qui restera en lettres d'or dans la légende hollywoodienne.

Fraîchement débarqué à New York à la même période, il commence à se distinguer sur les planches de Broadway et se fait présenter à un cinéaste en devenir, Elia Kazan, qui lui offrira quelques années après certains de ses plus grands rôles : celui de Mitch dans Un Tramway Nommé Désir (1951), et celui du père Barry dans Sur les Quais (1954), à chaque fois au côté de Marlon Brando (Karl Malden lui aura entre-temps donné la réplique au théâtre, en 1945, à son retour du front, et alors que Brando est encore inconnu).

La Deuxième guerre mondiale vient interrompre ce bel élan, pendant laquelle il sert au sein de la fameuse Mighty Eighth, la 8e division de l'Air Force. Il reprendra le fil de sa carrière naissante et prometteuse en s'illustrant notamment au côté d'un Gregory Peck en tireur d'élite snobé par la femme qu'il aime dans La cible humaine, de Henry King.

L'année suivante, soit en 1951, son interprétation de Mitch, meilleur ami de Stanley et soupirant de la divine Vivien Leigh en Blanche DuBois, dans Un Tramway nommé Désir, le consacre et lui vaut la reconnaissance de ses pairs, matérialisée par l'Oscar du meilleur second rôle qu'il reçoit alors.

Il devient logiquement une "tronche" incontournable du cinéma hollywoodien de l'époque, et collectionne, outre des premiers rôles remarqués, des seconds rôles exemplaires, et multiplie les compositions de haut vol : flic dans La Loi du Silence d'Hitchcock (1953), prêtre tentant d'infléchir un caïd dans Sur les Quais (1954, nominé aux Oscars pour ce rôle), exploitant de coton marié à la femme-enfant campée par Caroll Baker dans Baby Doll (1956, encore Elia Kazan), père égoïste qui pousse son fils à la dépression en voulant en faire un champion dans Prisonnier de la peur (1957), truand rattrapé par son passé dans la seule réalisation de son ami Marlon Brando, La Vengeance aux deux visages (un sacré duel paru en 1961), directeur de prison et geôlier de Burt Lancaster dans Le Prisonnier d'Alcatraz (1962), manager du roi du poker incarné par Steve McQueen dans Le Kid de Cincinnati (1965), général dans le grand classique signé Franklin J. Schaffner, Patton (1970)... Viennent ensuite les 119 épisodes des Rues de San Francisco auquel il a pris part, inculquant pendant les quatre premières saisons les ficelles du boulot à la jeune recrue Michael Douglas.

Par la suite, outre ses apparitions plus sporadiques à l'écran, ce sont ses spots publicitaires réguliers pour le compte d'American Express qui ont entretenu la notoriété du comédien, qui publiait en 1997 son autobiographie, When do I start?, co-écrite avec sa fille Carla.

"Propriétaire" d'une des étoiles du Hollywood Walk of Fame, Karl Malden, qui a également assumé au cours de sa carrière les fonctions de président de l'Académie des Oscars (Academy of Motion Pictures Arts and Sciences), s'était logiquement vu remettre en 2003 le 40e Lifetime Achievement Award honorifique des Screen Actors Guild Awards.

L'année suivante, intense émotion : alors âgé de 92 ans, il reçoit des mains de son ami et complice au petit écran Michael Douglas un Monte Cristo Award consacrant un peu plus encore son parcours.

Il a pris le dernier tramway pour le panthéon des monstres sacrés.

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